
Nos lectures autour du salon
Je veux un chat et des parents normaux
Le journal de Taloula, L’Intégrale, Actes Sud junior
Marion Achard est à la fois artiste de cirque et auteure de romans pour enfants et adolescents et de bandes dessinées où elle raconte les souvenirs de la seconde guerre mondiale de de ses deux grandes tantes. Elle vit et travaille dans la Drôme.
Deux classes de CM1-CM2 de l’école Roger Marty de Montmeyran vont la rencontrer dans le cadre de notre salon.
Taloula a un prénom qu’elle n’aime pas, des parents artistes de cirque et anticonformistes, un grand frère stupide. Elle a du mal à avoir des ami(e)s et ne peut pas avoir un chat à cause de l’allergie de son père…
Heureusement elle est très intelligente au point de sauter des classes et c’est une excellente stratège qui va pouvoir arriver à ses fins.
Elle raconte tout cela dans son journal intime qui a beaucoup de succès auprès des enfants…
Daniel S.
Lisou, Quand la nuit tombe, Delcourt
Cette BD raconte à hauteur d’enfant, l’histoire des Veil, une famille juive française contrainte comme tant d’autres de se cacher. Marion Achard a recueilli auprès de ses deux grandes tantes de nombreuses archives et photos, et surtout leur récit sensible et intime de cette période douloureuse et terrible. Ce premier tome est consacrée à sa tante Lisou. Elle est bien mise en valeur par de couleurs douces et harmonieuses. A lire et à faire lire pour ne pas oublier.
Sonia
Lisou, Quand la nuit tombe, est le dernier livre publié par Marion Achard. Elle est la scénariste de cet album et elle a choisi de raconter en images cette fois(illustration de Tony Galmes) une histoire qui la touche : celle de ses grands-tantes, Lisou et Mylaine, parentes de Simone Veil. L’histoire est forcément touchante puisqu’on voit des hommes, des femmes et des enfants, dans un décor qu’on reconnaît : celui du Vercors. Le graphisme choisi est d’une grande douceur dans les couleurs et les formes et nimbe le récit de tendresse. Les faits racontés sont terribles, on les connaît et on les reconnaît mais l’ambiance particulière facilite la transmission de ce passé douloureux. Un album à faire lire aux jeunes, moins jeunes parce qu’il ne faut pas oublier.
Elisabeth
ACHARD Marion
Petit-Pierre et la gargouille, Nats Éditions
Lorsque Petit-Pierre emménage à Livron-sur-Drôme, il n’est pas franchement emballé de se retrouver dans une si petite ville. Mais cette nouvelle vie lui réservera plein de surprises, de nouvelles amitiés et aventures.
Petit-Pierre et la gargouille, c’est une belle histoire d’amitié improbable entre un petit garçon et une gargouille qui a un langage très particulier. Les personnages sont tous très attachants. Les thématiques de l’amitié, de la maladie, du handicap sont traités avec simplicité et une grande humanité. Cet ouvrage est super bien illustré par Camille Loiselet, avec des dessins percutants pour faire réfléchir nos enfants.
Une lecture qui fera rêver les enfants et les parents. La police est adaptée aux DYS.
Sonia
BAGADEY Nathalie
Triso Tornado, Futuropolis
Une BD toute douce dans ses couleurs et son graphisme : il fallait bien ça pour contrecarrer le choc de l’annonce de l’arrivée d’un enfant trisomique dans une famille. Et il y aura les ondes de choc : comment élever son enfant différent. Cette histoire montre tout : les peurs, les joies, les doutes ! C’est une BD qui frappe par sa grande sincérité. Il faut dire que Violette Bernad a confié sa propre histoire à l’illustratrice et ça change tout. Une BD à lire et à faire lire à tout âge…
Elisabeth
C’est l’histoire d’une famille dans laquelle naît un enfant atteint de trisomie 21. Triso tornado témoigne du choc de la découverte du handicap, des peurs qui en découlent, puis des différentes étapes que vit lafamille jusqu’à l’acceptation de la différence.
C’est une fiction basée sur la vie réelle de Violette Bernad. Les dessins sont magnifiques et le récit est poignant ! “La douleur ne s’évanouit pas , elle est apprivoisée, pacifiée !”
Sonia
BERNAD Violette
Étrangers sur l’alpage, Editions du Mont-Blanc, coll. Vertigo
Rencontre entre trois personnages au sommet (le col des Thures) le temps des vacances : Germain, aide-berger, qui rêve de devenir berger ; Jamal, un adolescent lui aussi, qui a fui le Mali via la Libye et l’Italie et un voyage en mer dramatique ; un loup solitaire qui les observe.
Roselyne Bertin alterne les différentes histoires des personnages, de chapitre en chapitre. Avec cette histoire d’amitié, elle dénonce les préjugés et l’intolérance tant pour les loups que pour les migrants.
Un livre jeunesse que les adultes peuvent lire aussi !
Elle s’appelait Lisa, L’Harmattan
Le temps passe et il a été l’heure pour Roselyne Bertin de mettre par écrit ses souvenirs et d’ajouter aux photos et documents de la vie de sa mère les récits que celle-ci n’avait pas écrits. Elle se devait de raconter son histoire et celle de ses parents, Juifs d’Europe centrale et les bouleversements que cette famille ordinaire a vécus.
« Grands-parents tôt partis et mal connus, vieilles tantes oubliées, enfants abandonnés au non-dit, cousins et cousines disparus, je vous ai sortis du néant durant le temps de mon écriture, j’ai scruté vos visages, vos regards, vos mains sagement posées sur vos genoux…
Lisa, j’ai tenté au plus vrai, au plus juste, au plus aimant de moi, de dire qui tu étais. »
BERTIN Roselyne
Le Roi et moi, A Manchester avec Eric Cantona, Hugo Sport
Entre Claude Boli, frère de Basile et de Roger, et Cantona l’amitié est née à Auxerre, où ils ont partagé un appartement, et s’est approfondie plus tard à Manchester où l’un préparait sa thèse sur le football anglais et l’autre faisait les beaux jours du club de Manchester United jusque-là sevré depuis vingt-cinq ans du titre de champion d’Angleterre (quatre fois champion en cinq saisons, double vainqueur de la Cup, élu à deux reprises meilleur joueur du championnat, couronné « joueur du siècle » par les supporters des Reds en 2001).
Claude et Eric ont arpenté la ville ensemble, découvert ses lieux de culture et ses clubs de jazz et partagé leur réseau relationnel. Tout cela permettra à Cantona de devenir acteur après sa retraite sportive.
Le livre permet de découvrir la vie des footballeurs, des entraîneurs et des clubs anglais alors en pleine mutation, dont certains succombent aux addictions, ou ont parfois des coups de sang comme celui qui valut huit mois de suspension à Cantona.
Pour celui-ci le football était un art, la manière importait plus que le résultat, et l’auteur nous fait mieux connaître sa personnalité. L’auteur nous montre comment le club de Manchester United, son entraîneur Sir Alex Ferguson et ses supporters ont été pour Cantona un environnement à la mesure de sa folie.
BOLI Claude
BOQUEL Anne
L’enfant de la rage, Robert Laffont
L'enfant de la rage d'Anne Boquel est un roman réaliste et sobre. C’est l’histoire de Yohann, un adolescent, blessé dans une descente de CRS sur la ZAD où il militait.
La psychologie des personnages est détaillée avec minutie, ce qui rend l’histoire réaliste et actuelle.
Ce récit est le cri d’une maman prête à tout pour son fils, elle va essayer de le comprendre : Laurence sent l’esprit de son fils l'accompagner à chaque fois que ses pas la mènent à la zad. Par contre le père rejette les zadistes qu’il tient pour responsables du drame.
L'absence de prise de position de l'auteure sur les idées défendues par les zadistes et sur les réactions des parents est remarquable. De plus, Anne Boquel nous offre un portrait de femme inoubliable, celui d'une mère dont la lente émancipation est décrite avec délicatesse.
La plume est soignée, maîtrisée, directe sans fioritures. A découvrir !
Sonia
BRISSOT Camille
La Maison des reflets, Syros jeunesse
Qui accepterait de laisser partir un être cher alors qu'il pourrait le garder à ses côtés pour toujours ?
Dans un futur proche du nôtre, la société a vu se créer des établissements spéciaux, appelés Maisons de Départ, dont le but est d'accompagner les gens dans le processus de deuil. En appui avec une intelligence artificielle, on y crée des reflets des disparus, c'est-à-dire des personnages en réalité virtuelle qui reproduisent, à la perfection, physique et caractère de leur modèle. Ainsi a-t-on l'impression que le proche décédé est encore de ce monde.
On pourrait croire, avec un tel univers, que l'ouvrage lui-même serait lugubre ou triste ; pas du tout.
La Maison Edelweiss est au contraire un lieu haut en couleur, mouvant, vivant en quelque sorte. Daniel, le narrateur, est le plus gros atout du roman : il a grandi dans la Maison et a de ce fait un rapport particulier avec les reflets, rapport qu'il va petit à petit interroger ; ses réflexions sont pertinentes, ses réactions justes, et sa relation avec Violette, que l'on voit s'approfondir, est touchante à plus d'un titre.
Bien entendu, le rapport à la mort est au centre de l'histoire, mais ce n'est pas tant les premières étapes du deuil (le choc, le déni, la colère, la tristesse) qui intéressent, que la toute dernière : l'acceptation. La plus dure à passer, celle pour laquelle les rites que les sociétés ont toujours mis en place prennent tout leur sens.
Les questionnements soulevés, bien que profonds, sont traités avec une grande délicatesse. Le roman ne tente jamais de prendre parti, les Maisons de Départ sont présentées avec leurs avantages comme avec leurs désavantages. En fait, tout pousse à s'interroger, de manière personnelle, sur son propre rapport au deuil et la façon dont on peut avoir soi-même vécu l'épreuve.
En somme, La maison des reflets est un livre qui, par son narrateur sincère et le traitement délicat de ses thématiques, peut laisser une marque durable dans le cœur du lecteur.
Alexia
Trois jours dans la peau d’un garçon, éditions Syros
Alors qu'ils visitent une fête foraine high-tech, Charlie et Sam se font piéger dans une attraction secrète, interdite au public. Et voici Charlie, la fille la plus cool du collège, dans le corps de Sam, le loser absolu au physique ingrat. Et vice versa. Le cauchemar ! Ils vont pourtant vivre l'expérience la plus forte de leur vie.
Tout est dans le titre !
C’est une histoire très classique mais qui marche à merveille. Les deux personnages sont très différents et les confrontations avec les familles et les amis sont un régal. Bien entendu, à la fin, tout va rentrer dans l’ordre… enfin presque ! L’irruption du fantastique est tout à fait naturelle. Les personnages sont attachants (même Charlie qui est quand même un peu peste).
Un chouette livre qui dénonce le harcèlement scolaire. La famille et le handicap y sont aussi abordés. En se glissant dans la peau de l’autre, les préjugés tombent et cela donne à réfléchir.
Sonia
BRUNET Faustine
Les poissons ont disparu ? -The fish have all gone ?, Bluedot éditions
Cet album traite de la surpêche. C’est un livre bilingue pour sauver les poissons avec 6 pages de jeux pour mieux connaitre les espèces et des pages explicatives sur la situation et les solutions pour sauver les poissons. Faustine Brunet l’a écrit et illustré en partenariat avec l’association Bloom, traduit pour la partie en anglais par Jenny Clark.
Le rêve des dragons - Dragons’ dream
C’est un album bilingue qui raconte l’histoire d’un petit garçon qui grimpe au sommet d'un arbre. Le vent se met à souffler, le petit garçon s'envole. Après un long voyage, il atterrit sur... un dragon, le dragon des montagnes. Il en rencontrera ensuite deux autres, le dragon des mers et le dragon de l'air. Chacun a un rêve à lui raconter. Ils vont lui demander de transmettre leurs rêves aux Hommes. C’est très joli et poétique.
Le livre est enrichi par une magnifique postface signée par Philippe Cury, scientifique français, directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement, d’un jeu et d’un coloriage.
Histoires à écouter sur le site des éditions bluedot.
Sonia
COSTE Lucie
Black Parade, Tome 1
Black Parade est le 1er tome d’une trilogie : White parade , le tome 2 vient d’ailleurs d’être juste publié ! En commençant la lecture de Black Parade, je pensais lire une histoire fantastique comme je les aime : mélange d’une histoire réaliste, celle de la famille Parade, et d’événements fantastiques liés à l’intrusion de créatures démoniaques dans le quotidien de cette famille. Mais je n’imaginais pas en ouvrant ce gros livre que cette lecture allait littéralement me transporter(sans lévitation heureusement) : la lecture est devenue addictive ! L’autrice sait donc raconter des histoires et surtout nous faire imaginer comment on pourrait réagir en côtoyant le paranormal . Elle a dû se documenter sur les créatures du pandémonium et je n’ai pas résisté à aller les voir sur internet pour satisfaire ma curiosité ! L’histoire n’est pas une galerie de démons mais un récit d’aventures qui engage les jeunes de la famille Parade et leurs amis à protéger les humains contre les attaques de l’au-delà… Ce n’est pas un livre à la Harry Potter mais plutôt pour les young adult (merci les Anglais!) et les adultes car on frissonne !!
Elisabeth
DESMARAIS André
Fréquence sanglante, Les éditions d’Avallon
Fréquence sanglante, un polar qui ressemble au jeu du Cluedo : un meurtre a été commis et on suit les pistes des enquêteurs, les nombreuses pistes d’ailleurs car il y a les fausses pistes et celles qui font avancer l’enquête. Le récit est précis et méticuleux (l’auteur est un ancien expert en balistique) mais sans tomber dans le fastidieux. De plus il fait voyager dans le Paris des années 30 : j’ai véritablement cru entendre le feuilleton radiophonique de la famille Duraton. C’est une des actrices de l’émission, Gina Weiss, qui a été tuée . Il faut vraiment lire l’histoire jusqu’à la fin non seulement pour découvrir le criminel mais aussi pour savourer la pirouette narrative imaginée par l’auteur.
Elisabeth
Dans ce roman policier, on suit Galardin, officier de la brigade spéciale n°1 , chargé d'enquêter sur le meurtre d'une speakerine vedette. L'ambiance années 30 confère au roman un certain côté première saison des Petits meurtres d'Agatha Christie, ce qui n’a pas été pour me déplaire, mais contrairement aux histoires de la célèbre romancière, l'enquête est ouverte : ici, pas de meurtres en huis clos, pas de liste de suspects préconçue. On avance pas à pas, au gré des indices, on accélère grâce à un témoignage primordial, on fait demi-tour dans des fausses pistes... Rien n'est laissé au hasard, et c'est un plaisir de cogiter en même temps que le personnage.
Les années 30, ce sont aussi les balbutiements de la police scientifique : balistique, empreintes digitales, analyse des typographies des machines à écrire... Le travail historique effectué se ressent et aide à donner son cachet au roman. Le tout est servi par une plume soignée. Un très bon policier !
Alexia
DIETERLÉ Nathalie
Nathalie Dieterlé signe aux éditions Hachette de beaux albums aux illustrations colorées et chatoyantes où l’on suit Zékéyé, un petit garçon africain, futé, courageux et attachant. De belles aventures et des rebondissements qui feront rêver et voyager toute la famille ! Les ouvrages sont tous porteurs de messages intéressants.
Zékéyé est tout petit est une histoire animée avec des volets à étirer ou à déplier.
Zékéyé veut être grand est une aventure pour apprendre à s’accepter tel que l’on est.
Le fabuleux voyage de Zékéyé est album pour éveiller la conscience des tout petits sur l’environnement et la nature.
Dans Zékéyé et la sorcière, la méchante sorcière qui ne veut pas vieillir a volé le temps et l’a enfermé dans un arbre creux.
Dans Zékéyé et la colère du géant, le petit garçon veut savoir ce qui provoque ces orages qui chamboulent son village. Un bel ouvrage qui parle des émotions.
Zékéyé est une série existant depuis 1991 et pas une ride !
Sonia
ESPOSITO Didier
Candeur fatale, Editions du Caïman
Ce polar fait voyager : il commence à Saint Etienne, par la découverte du cadavre d’une jeune femme au bas de sa résidence, quartier de la Métare. Son voisin de palier, Alexis, est étudiant et regrette de ne pas l’avoir connue de son vivant. Puis l’histoire se poursuit en Biélorussie, dans un bar aux cotés de la serveuse Marina qui n’a qu’une envie : partir de son pays et vivre une vie meilleure. Elle est jeune, rêve d’ailleurs et sa candeur va être mise à rude épreuve. Le voyage commence pour elle et se poursuit pour nous, lecteurs et lectrices : nous roulons à travers les pays de l’EST pour suivre les rêves de Marina devenir cauchemars. Le titre est fort bien choisi : c’est une histoire de candeur mais pas seulement celle de Marina ! J’ai apprécié ce polar qui se lit comme un “page- turner” ou attrape-lecteur/lectrice mais qui donne à la candeur une couleur fatale !
Elisabeth
En rentrant dans sa résidence, un étudiant découvre le cadavre de sa voisine défenestrée. Avec son ami, il décide de se mêler de l'enquête. De l'autre côté de l'Europe, une jeune Biélorusse rêve d'une nouvelle vie... qui devient un cauchemar.
Candeur fatale est un thriller haletant. Se déroulant sur fond de trafic de prostitution, il perd petit à petit l'aspect naïf du départ pour un réalisme cru. On sent que l'auteur est issu de la police, de fait il explique très bien les procédés, tant du côté des trafiquants que de celui des enquêteurs.
A noter que le titre du livre a été judicieusement choisi, à moult raisons...
Alexia
FALMARES
Soulagements, Edition les Mandarines, son premier éditeur (3 recueils)
Syli, ô Guinée, Yigui
Catalogue d’un exilé, Flammarion
Falmarès, c’est le nom de plume d’un enfant guinéen qui a perdu sa mère à 14 ans (ma mère est morte dans mes bras/comme un vieil entonnoir de deux ans), est parti pour l’Europe dans laquelle il est parvenu au bout d’un an d’un parcours difficile et traumatisant.
La littérature et la poésie lui ont servi de bouée de sauvetage, lui ont permis de dépasser tous ses souvenirs :
Je suis mort,
Je suis mort dans le désert du Sahara
et aujourd'hui tout le temps qui me reste à vivre
est une seconde chance
Il a beaucoup lu dans les médiathèques, a découvert Rimbaud (Je construirai un château alchimique à Paris) et Ponthus - qui aurait dû venir à notre dernier salon si la mort n’en avait pas décidé autrement et dont il ne faut pas oublier le magnifique À la ligne.
Sa poésie mêle le soussou et le français avec une grande richesse de vocabulaire et de références culturelles, il crée des alliances de mots surprenantes, son lyrisme est fortement inspiré du chant incantatoire des griots :
Je suis ce poète à langue d'oiseau
Fils d'Afrique lointaine
Petit-fils de griot et de paysans.
Ses thèmes sont l’exil, les différentes vies qu’il a menées malgré son jeune âge, l’amour de la Guinée, la liberté…
Ô je ne suis pas Migrant !
Je suis un homme libre
Le monde est mon pays
La terre est ma demeure.
Daniel S.
FAYOLLE Marion
Du même bois, Gallimard
Avec son premier roman, Marion Fayolle montre qu’elle maîtrise autant l’écriture – tout en croquis – que le graphisme. Elle raconte le rude quotidien d’éleveurs en Ardèche, leur vie cyclique d’’un corps de ferme à l’autre avec les vaches au milieu. Cycle de la vie, de la naissance et de la mort, des parents et des enfants, des saisons et du paysage, de la folie et de l’apaisement.
Les personnages de ce roman n’ont d’ailleurs pas de nom, mais des termes génériques : la ferme, les bêtes, les mères, l’orphelin… ce qui rend le livre universel.
Marion Fayolle transmet ses souvenirs et son amour d’un monde rural disparu à travers le portrait de la petite dernière qui devra gérer un héritage complexe : « C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. » et s’inquiéter ensuite pour son enfant : « La gamine pose ses mains sur son ventre, son bébé vient s’y lover. Elle se demande à quoi il va ressembler. Il s'imprime en taille-douce dans le revers de sa peau. Elle sait que l'encre se loge dans le fond des entailles, que toutes ses failles se verront sur lui ».
Ce court roman à l’écriture poétique vous touchera profondément.
Daniel S.
GUERRA Eve
Rapatriement, Grasset
C’est le premier roman (couronné par le Goncourt du 1er roman 2024) d’une autrice de 35 ans, née au Congo d’un père italien et d’une mère congolaise.
A l’occasion de la mort de son père resté en Afrique, avec lequel elle a coupé les ponts depuis deux ans alors qu’elle en était très proche, elle cherche à faire rapatrier le corps. Ce faisant, elle quitte Lyon où elle habite pour la région de Royan où vit sa famille paternelle.
Au fur et à mesure qu’elle se heurte à son entourage, elle va prendre conscience de ce qu’elle est, de la déliquescence de sa vie. Elle comprend qu’elle a perdu pied, que même la littérature qu’elle croyait salvatrice ne lui est d’aucun secours.
Le rapatriement, c’est celui du corps du père, mais c’est aussi sa vie, son corps, son âme qu’elle va devoir rapatrier.
Une écriture très travaillée qui m’a happée et qui dessine le portrait d’une jeune fille parfois énervante dans ses errances, une jeune femme métisse qui va devoir se choisir une patrie, peut-être la littérature.
C’est un premier roman très prometteur.
KHERAD Emmanuel
Regarde le monde, Stock
Dans son livre Regarde le monde, Emmanuel Khérad réunit douze récits de ses voyages qui mettent en valeur la diversité et la richesse du monde.
Il y raconte ses échanges, et les histoires rapportées par des auteurs et des artistes qu’il a croisés sur son chemin dans les différents pays visités, par exemple au Liban, en Belgique, au Maroc, en Suisse, à Haïti…Tel un guide touristique, l’auteur nous fait voyager dans des lieux symboliques et chargés d’histoire.
L’écriture est simple, emplie de tendresse et d’humanité.
C’est passionnant et enrichissant. J’aurais aimé que cela ne s’arrête jamais et que je puisse continuer ce magnifique périple culturel et sensoriel.
Laissez-vous emporter par ce temps suspendu pour voir le monde autrement. A lire et à relire sans modération !
Sonia
LERAY Olivia
De l’eau dans ton vin (Fayard, 2023)
“Alcoolique” : une insulte, un reproche. Comment fait-on pour vivre avec un proche alcoolique ? Comment fait-on lorsque on est enfant et que son père est alcoolique ? Olivia Leray, l’autrice, le raconte parce qu’elle l’a vécu. Ce qui frappe dans ce récit, c’est le ton. Olivia, l’adulte, raconte avec son regard d’enfant : elle voit et raconte quand son père a bu, quand il ment, quand il est encore en retard . Elle se rappelle, remonte le temps et suit la terrible progression de cette terrible maladie qui finit par porter un terrible nom : le syndrome de Korsakoff. On ne sort pas indemne de cette lecture qui touche, bouleverse et explique mais jamais ne condamne ni ne règle ses comptes. Un témoignage à lire et à faire lire évidemment …
Elisabeth
LE TELLIER Hervé
Le nom sur le mur, Gallimard
Le nom sur le mur est un livre touchant, d’autant plus qu’il est illustré de photos du jeune homme. L’époque et le contexte historique sont reconstitués avec minutie, et c’est passionnant !
Il rend aussi hommage au village de Dieulefit qui accueillit beaucoup de réfugiés juifs, communistes ou espagnols.
A travers cette enquête, l’écrivain s’interroge aussi sur la liberté, le fascisme, la banalisation et l’acceptation des idées extrêmes ( toujours d’actualité ).
« On ne débat pas de telles idées , on les combat … »
Un beau et juste hommage que je vous conseille fortement. Merci Monsieur Le Tellier .
Sonia
LIRON Olivier
Einstein, le sexe et moi, éditions Points
«Je suis autiste Asperger Ce nʼest pas une maladie je vous rassure. Cʼest une différence je vais vous raconter une histoire. Cette histoire cʼest la mienne. Jʼai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. »
Olivier Liron raconte son passage en 2012 à cette célèbre émission. Le tout avec beaucoup dʼhumour. Lʼauteur alterne le récit de son passage à lʼémission avec des tranches de sa vie : des événements qui ne sont pas toujours faciles.... En effet, Olivier Liron mentionne à plusieurs reprises le harcèlement scolaire dont il a été victime ; les enfants sont parfois cruels entre eux surtout lorsque il sont face à une personne différente.
Jʼai aimé le ton de la dérision dont fait preuve lʼauteur, sa façon dʼaborder ce duʼil est sans tomber dans le pathos. Je vous recommande ce livre original à la fois divertissant et touchant
Sonia
La stratégie de la sardine, Robert Laffont
Dans la stratégie de la sardine, Olivier Liron nous livre un témoignage à la fois touchant et révoltant. Cʼest un récit intime, pudique, en toute transparence qui vous prend aux tripes et qui parlera à tous. Lʼauteur se met à nu pour nous parler de lui : de son enfance à ses débuts professionnels. Il sʼest senti différent des autres et les autres le lui ont bien fait payer « Je suis différent, et les autres le comprennent avec une méchanceté animale. ».
Nous suivons son parcours chaotique jusquʼà lʼacceptation de soi. Cʼest bien écrit, très poétique, teinté dʼhumour sans jamais tomber dans le pathos.
Magnifique texte sur la différence, sur lʼamour de soi.
« Être différent nʼest ni une bonne chose ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même. » Albert Camus
Sonia
LUSSAC Laetitia
Oppalyne à travers les mondes, Tome 1, Editions Maïa
Oppalyne, princesse d'un royaume parallèle au nôtre, vient dans notre monde afin de rechercher un mystérieux artefact qui permettrait de protéger son peuple des agissements d'une cruelle magicienne.
Premier tome d'une trilogie, ce roman de fantasy rappellera auprès de certains lecteurs un petit côté La Quête d'Ewilan de Pierre Bottero, avec son alternance entre les mondes. En dépit de sa brièveté, le rythme de l'histoire est bien géré : les péripéties s'enchaînent, entrecoupées de temps plus calmes, qui permettent de développer les relations entre les personnages. L'intrigue est efficace, et la résolution finale titille la curiosité quant au devenir du groupe de héros.
Alexia
MEDELINE François
La Sacrifiée du Vercors, 10-18 et Les Larmes du Reich, 10-18
La Sacrifiée du Vercors et Les Larmes du Reich, parus en 2021 et 2022, sont deux romans policiers en lien avec la Seconde Guerre mondiale et l’histoire de la Drôme.
Le premier est une tragédie qui respecte une unité de lieu, d'action et de temps autour de Saint-Martin-en -Vercors en juillet 1944, avec des personnages librement inspirés de la réalité : meurtre d’une jeune femme violée et tondue, règlements de compte, chasse à l’Italien, enquête menée par un récent » commissaire de police près le général à l’épuration » et une photographe américaine de Life.
Les titres de chapitres sont empruntés à divers poètes comme René Char, René-Guy Cadou, Jean Tardieu, Robert Desnos, Édith Thomas, Paul Éluard, Louis Aragon …
Les Larmes du Reich débute comme un banal fait divers dans une ferme située au pied de la colline de Divajeu. L’inspecteur Michel, dont on découvrira peu à peu la personnalité trouble, va parcourir la Drôme et la France et mettre à jour les répercussions des actes et des comportements de la dernière guerre : enfants cachés non rendus, prostitution dans les camps de concentration…
Scénario qui ne laisse pas de répit au lecteur, récit très concis, obscurité et mystère caractérisent ce roman très noir.
Daniel S.
La résistance des matériaux, Manufecture de Livres
La résistance des matériaux est le dernier roman de François Médéline. Après avoir refermé les pages de ce polar, vous ne vous promènerez plus jamais dans les rues de Lyon (que l’auteur connaît bien) sans penser reconnaître Djamila, tailleur impeccable, vice-présidente de la région Rhône-Alpes, qui sort d’une réunion ; Dubak, un flic du SRPJ, en civil dont on ne remarque pas qu’il est borgne ; Hébert, un gentil papa et amoureux de sa belle mais crapuleux homme de main…
Cette histoire lyonnaise nous entraine également à Paris , au château, car le ministre de l’intérieur de François Hollande aurait dissimulé un compte en banque au Luxembourg : les accusations de Médiapart donnent lieu à une enquête dont va se charger le SRPJ de Lyon. Pourquoi le SRPJ de Lyon ? Pourquoi Djamila, la vice présidente de région va-t-elle se retrouver mêlée à cette histoire ?
L’histoire est évidemment une enquête policière et les quasi 500 pages sont nécessaires à la compréhension des enjeux politiques , des tractations et au dénouement qui réserve des surprises.
C’est le récit d’un connaisseur du milieu politique (François Médéline a été conseiller et directeur de cabinet d’élus) : les discours publics des politiques et leurs propos privés sont bien différents et grâce aux transcriptions d’écoutes téléphoniques, on imagine comment on informe dans ce milieu-là.
Le monde politique n’en sort pas forcément grandi mais c’est un polar après tout ….
Elisabeth
MELCARNE Luca
Vercors, rencontres au fil des saisons
Il a fallu 10 ans à Luca Melcarne pour réaliser les 130 photos des animaux du Vercors présentes dans ce livre. Dix ans pour effectuer des repérages, bien connaître le terrain et les habitudes des animaux, installer ses affûts, passer de longues heures dans des conditions climatiques parfois extrêmes et réussir à montrer les conditions dans lesquelles vivent les animaux : « Je cherche à réaliser des images le plus respectueusement possible, je recherche la tranquillité de l'animal, des comportements naturels. Le respect et la connaissance de la faune sont alors des points clés pour la réussite de cette quête. »
Cette quête photographique lui a permis d’obtenir des prix prestigieux internationaux. Profitez bien de sa venue au salon !
Daniel S
MOREL DARLEUX Corinne
La sauvagière, Points
Après un accident de moto, la narratrice est recueillie par Jeanne et Stella, deux mystérieuses femmes qui habitent au cœur de la forêt. C’est ici qu’elle va réapprivoiser son corps...
La sauvagiére offre une lecture mystérieuse, ensorcelante, magnétique qui appelle à faire une pause dans la vie quotidienne, à se recentrer sur soi-même, à lâcher-prise.
La plume est magnifique, poétique, sensuelle ; elle nous envoûte, elle nous propose d’entrer en fusion avec cette nature profonde.
Laissez-vous porter par cette fable onirique, un voyage entre rêve et réalité dont vous sortirez apaisés!.
En outre, la couverture est sublime, une vraie œuvre d’art.
Sonia
La Sauvagière (lieu de retraite où l'on se met à l'abri des interactions humaines) est le premier roman pour les adultes de l’autrice..
La narratrice a fui un travail oppressant et la vie citadine et ses contraintes. Suite à un grave accident de moto, elle se retrouve dans une cabane isolée où deux femmes la soignent et s’occupent d’elle.
Elle découvre la sororité sans la nécessité des paroles pour se comprendre, le silence, les chuchotements de la nature, la vie en autarcie et en phase avec le vivant…
Ce roman à l’écriture poétique (peut-être parfois un peu trop) devient de plus en plus onirique et mystérieux. Les deux femmes disparaissent poussées par leur part d’animalité, qui finit par gagner aussi la narratrice qui oscille entre deux mondes…
Daniel S.
Le gang des chevreuils rusés, Seuil jeunesse
C’est un petit roman jeunesse amusant et engagé où la narratrice et ses amis se battent contre un projet de grand hôtel avec golf qui va détruire la nature autour d’un petit village.
Daniel S.
Là où le feu et l'ours : Histoire de Violette, Libertalia
Ce roman initiatique et dystopique raconte la rencontre d’une jeune femme sans mémoire et d’un ours nouveau-né, leur voyage dans une steppe dévorée par des vents de feu jusqu’à l’Oasis, une espèce de jardin d’Eden où les habitants vivent en autarcie et en harmonie avec la nature. Une jeune femme rebelle Princesse Cheyenne deviendra alors la narratrice de la fin du roman.
Le récit est complété par un riche carnet où l’autrice explique la genèse et la construction de son livre, parle de ses influences littéraires et de ses recherches et nous fait réfléchir sur le climat, la société et notre rapport au vivant.
Daniel S.
Alors nous irons trouver la beauté ailleurs, Libertalia
Un titre tout simple mais terriblement accrocheur : on a envie de savoir où se trouve cet ailleurs … La beauté est une notion très personnelle mais dans ce livre, il faut l’envisager de façon globale à la fois physique et morale et même de façon politique et métaphysique. L’autrice nous entraine à nous émerveiller du monde même s’il est inquiétant et surtout parce qu’il est inquiétant !
Très vite le ton employé m’a entrainée dans un voyage réflexif, “une déambulation” . A l’occasion d’un voyage en Inde à l’initiative de Annie Ernaux, Corinne Morel Darleux observe la vie des indiens coupés du confort et de la modernité. Elle lit beaucoup aussi et insère des références précises sur des livres qui l’ont inspirée durant ce voyage. J’ai découvert grâce à ce livre, la pensée de Rosa Luxembourg et son militantisme. L’autrice réfléchit sur son propre parcours de militante, son action politique .
Mais ce que je retiens de ce livre, c’est qu’il est un manifeste de défense de la littérature . Selon Corinne Morel Darleux, le roman est une “ZAD “, une Zone A Défendre car selon elle, le roman crée un milieu de vie qui peut donner une idée de l’avenir et une idée du beau à construire… L’importance des livres et notamment des fictions est alors démontrée et j’y souscris !
Elisabeth
MURAIL Marie-Aude et ROBERT-MURAIL Constance
Francoeur, à nous la vie d’artiste, L’école des loisirs
La célèbre autrice jeunesse et sa fille ont de nouveau co-écrit un roman mais cette fois-ci, un roman historique ! Le lecteur suit le destin de la famille Dupin dans le Paris du XIXème siècle en pleine période romantique et en plein désordre politique. “A nous la vie d’artiste !” est la revendication enthousiaste de chacun des 4 enfants Dupin : Anna veut devenir écrivaine, Isidore peintre, Marceau poète et Olympia, actrice. Ils croient en eux et c’est leur force ! Leur parcours sera semé d’embuches : on y retrouve des difficultés liées au contexte politique et social mais aussi aux mentalités de l’époque (aux échos hélas, bien modernes). On s’attache donc inévitablement à ces jeunes gens . Et le talent des Murail, mère et fille, réside dans cette capacité à créer de l’empathie avec ces personnages . Des personnages qui en rappellent d’autres (Georges Sand par exemple) car il y a des histoires dans cette histoire ! Ados et adultes devraient trouver, comme moi, bien des niveaux de lecture et des résonances !
Elisabeth
Oh boy ! Murail Marie-Aude, L’école des loisirs
Oh boy ! raconte le destin rocambolesque de Siméon, Morgane et Venise, une fratrie orpheline qui part à la recherche d’une nouvelle famille… Un roman qui vous fera rire aux éclats, couler quelques larmes, craquer de tendresse. Il y a tant de thèmes abordés qu’il est difficile de les énumérer : suicide, abandon, maladie, fraternité, amour, pardon, c’est ce qui fait de ce roman une petite pépite à découvrir.
Sonia
PATURAUD Valérie
La cuisinière des Kennedy, Les Escales
C’est un livre qui surprend : comment ! La cuisinière de la célèbre famille américaine des Kennedy était drômoise ?! On lit car on veut comprendre , on veut savoir et ce livre donne bien des réponses à nos questions. L’autrice a mené une véritable enquête sur Andrée Imbert et retrace son parcours.
J’ai lu avec curiosité le récit du parcours d’Andrée mais aussi avec le plaisir de retrouver les recettes de plats typiquement drômois, les noms des restaurants et de leurs célèbres chefs auprès desquels Andrée a appris son métier. C’est le récit “sans chichi” d’une femme simple qui a connu un destin digne de celui d’une héroïne…
Elisabeth
Nézida, Liana Lévi
Une vie heureuse malgré un triste départ d'enfant abandonnée, tel est le destin captivant de cette cuisinière drômoise cheminant jusqu'aux coulisses de la Maison Blanche. Cette histoire bien documentée pourrait illustrer le travail de Cyrulnik sur la résilience mais on aurait aimé un peu plus de chair et de sang dans la narration de ce récit néanmoins intéressant.
Du même auteur, nous vous recommandons Nézida, roman polyphonique qui raconte la vie brève d’une jeune femme passionnée, libre, indépendante dans la Drôme rurale et protestante de la seconde moitié du XIXe siècle.
ROSIERS Millie
La part des oiseaux, Elan sud
Ce petit recueil est inclassable : s’agit-il de poèmes en prose ? s’agit-il de théâtre puisqu’il y a des voix et un chœur comme dans l’antiquité ? S’agit-il d’une autobiographie illustrée par des dessins de femmes à l’encre noire ? C’est tout cela à la fois. Cela fait donc de ce petit ouvrage un livre unique où l’autrice raconte, sur plusieurs mois, une histoire d’amour, une séparation, un rapport particulier à la vie, au corps.
Ce texte est signé de Millie Rosiers, anagramme de Mireille Rossi, autrice d’autobiographies et de nouvelles. Sous cette autre identité, elle révèle les beautés et les fêlures de l’intime. Les voix qui s’entrecroisent sont comme des échos de son inconscient, un dialogue analytique qui ne manque donc ni de poésie, ni de férocité : aucune complaisance. Et des dessins de femmes-mots qui ponctuent décidément un court texte comme un bijou fantaisie que nous vous recommandons.
« Dans les branches,
Laisser la part
des oiseaux.
Mon âme est semblable
Aux fruits les plus hauts,
Abandonnée,
Aux côtés du ciel »
Laurence
UTROI Wendall
Le Courage des Lâches, La Trace Eds
Le Courage des Lâches, paru en 2024, est le 10e roman de Wendall Utroi, ancien policier qui a le sens du suspense. Ce roman de 350 pages qui nous avait été conseillé par notre libraire, Sylvain Courtial, de la Librairie L'Ecriture (Chabeuil), retrace d'abord une amitié qui naît sur les bancs d'une école primaire du Nord de la France en 1931. Nous faisons connaissance avec "la bande de Bouboule", alias Gontran, le fils de la marchande de bonbons, de Petit-Pierre, le narrateur, et des jumeaux Auguste et Eugénie. A l'arrivée d'un jeune Polonais dans la classe, un certain Radek, les clans vont s'affirmer. Il y a ceux qui vont accepter facilement le Polonais et d'autres qui vont isoler le "Polack". Mais l'instituteur va mettre tout le monde d'accord. L'amitié grandit entre les garçons puis à l'adolescence, leurs chemins se séparent. La guerre éclate et ils vont se retrouver et faire chemin ensemble vers la zone libre, non loin de la-Chapelle-en-Vercors. Sur le chemin de l'exode, un drame éclate (il ne faut pas le divulgâcher!). Eugénie recueille un bébé qu'elle décidera d'adopter. Arrivés dans le Vercors, l'heure du choix va sonner. Certains vont se révéler courageux, et d'autres lâches, certains vont s'engager dans la Résistance, d'autres vont trahir les leurs.
Et vous, qu'auriez-vous fait à leur place ? Sous la torture des Allemands, auriez-vous parlé ?
Ce roman est fort : il interroge les moments troubles de la guerre. L'auteur précise dans sa postface qu'il ne s'agit pas d'un roman historique, il cherche à faire ressentir la vie d'un petit groupe dans le Vercors. C'est aussi un roman sur l'amitié et sur la loyauté à des valeurs.
Laurence
WEST Arnü
Les Woodrow, Tome 1, Editions Kennes
Premier d’une nouvelle série western comique en deux tomes, cet album plutôt destiné à un lectorat adolescent met en scène une famille composée de la soeur, de l’oncle et des trois frères, voleurs sans violence chacun dans son coin. Mais un jour, ils ont des nouvelles de leur frère et père disparu sous la forme d’une carte au trésor avec comme indice , le nom de Mc Guffin. Ce trésor serait caché dans la tombe d’un cimetière près de la frontière mexicaine. Ils partent donc tous les quatre à sa recherche. Très maladroits, ils se retrouvent dans des situations cocasses et invraisemblables comme devoir nourrir une ourse et et son petit.
Le récit est rythmé, l’histoire est traitée de façon burlesque, les personnages sont attachants. Le dessinateur Arnü West s’amuse à faire des clins d’oeil à d’autres séries de western, la coloriste varie bien les ambiances.
Daniel S.
C’est pour qui ?, Ant éditions
Un album de gags qui met en scène l’auteur dans des séances de dédicaces caricaturales, qui reprend ses pages du magazine (disparu) L’Immanquable et raconte ses difficultés pour concilier activité professionnelle et vie en famille dans l’Ardèche. Un dessin expressif, beaucoup d’humour et d’autodérision, cela fait du bien par les temps qui courent !
Daniel S.